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L'école de danse de Québec

Entrevue avec Emmanuelle Lê Phan sur Rouge36, sa création pour la cohorte de 2e année | SFS FS 2023

5 mai 2023

« Après mes premières sessions avec elles, j’ai remarqué que [les étudiantes] travaillaient très très fort, et ce, même hors des heures de classe, pour améliorer leur technique. J’admire cela, c’est ce genre de faim qu’un danseur doit avoir pour percer et perdurer dans le milieu. » Entrevue avec Emmanuelle Lê Phan sur Rouge36, sa création chorégraphique, créée et transmise à la cohorte de 2e année dans le cadre du Spectacle de fin de saison de la Formation supérieure 2023.

Au printemps 2023, Emmanuelle Lê Phan, artiste en danse, chorégraphe et co-directrice artistique de la compagnie Tentacle Tribe, était de passage à l’École pour le temps de quelques semaines afin de créer une pièce chorégraphique pour les étudiant·es de 2e année de la Formation supérieure en danse contemporaine de l’École. La pièce sera présentée en salle et en webdiffusion dans le cadre du Spectacle de fin de saison de la Formation supérieure en danse contemporaine 2023 les 11 et 12 mai prochains.

  • Aujourd’hui, tu travailles avec des étudiants qui aspirent à devenir danseurs professionnels. Quand tu repenses à tes études en danse, qu’est-ce qui t’a le plus marquée?

Pour dire la vérité, mes années d’études en danse ne m’ont pas suffisamment préparé pour le vrai marché du travail en tant qu’interprète, chorégraphe et directrice artistique d’une compagnie de danse. C’est par la suite, en travaillant avec plusieurs compagnies, et après plusieurs collaborations artistiques, que j’ai développé les compétences nécessaires pour fonctionner dans un milieu ardu où la réussite est si difficile. Le temps que les élèves ont à L’EDQ avec les chorégraphes œuvrant dans le milieu actuel est une expérience incroyablement précieuse. J’aurai aimé avoir ce genre de rencontres au niveau universitaire, un avant-goût d’un réel processus de création et vivre le rôle d’interprète.  

  • Lorsque tu enseignes aux futurs professionnels de la danse, qu’est-ce que tu souhaites leur transmettre en premier lieu?  

L’approche Tentacle Tribe est ancrée dans des techniques de danses de rue qui ne sont pas enseignées à L’EDQ.  Donc mes premières rencontres avec les élèves consistent de classes techniques pour leur transmettre les bases de break et quelques concepts illusoires de popping.  Je souhaite leur donner un aperçu de ces styles et ensuite qu’ils vivent la transposition de ces figures sur une scène théâtrale.  Ce n’est pas tant la performance finale qui m'intéresse, mais plutôt leur acquisition de nouvelles compétences techniques, surtout avec le travail de partenaire et leur conscience de leur corps par rapport aux autres.

  • Quand l’École t’a contactée pour la création d’une des pièces du Spectacle de fin de saison 2023, quelles étaient tes premières pensées?

J’étais ravie de revenir créer à L’EDQ pour une 3e fois. Mes expériences antérieures en 2019 et en 2021 étaient hyper enrichissantes pour moi en tant que chorégraphe.  L’énergie dans les locaux de l’École est vibrante et créative, et me donne envie de créer. J’aime rencontrer les prochaines cohortes et découvrir de nouveaux talents. On ne sait jamais qui s’appropriera ton style naturellement et développera un goût pour ton approche! Et puisque je suis maintenant installée à Québec, j’aime avoir plusieurs danseurs en ville familiers avec l’approche Tentacle Tribe, [qui pourraient devenir] de futures tentacules! 

  • Qu’est-ce qui t’a inspirée dans ton travail comme chorégraphe pour la création de cette pièce pour nos étudiant·es de 2e année? Qu’est-ce qui a alimenté ton travail de création?

Premièrement, le nombre de danseurs était un facteur important. Avec une grande cohorte de 15, c’était un défi pour moi, mais quelque chose de nouveau que j’avais hâte d’attaquer! La pièce qui compte le plus d’interprètes dans mon parcours était de 11 et déjà cela n'était pas évident.  

J’ai aussi pris compte du nombre d’heures que j’avais avec elles. Normalement, je travaillerais avec chaque interprète pour développer du matériel solo, et ensuite le transposer en duo, trio ou quatuor. [Cependant], après quelques heures préliminaires consacrées à l’enseignement, il ne me restait qu’une vingtaine d’heures pour la création. [Par conséquent,], j’ai pris la décision de retravailler du matériel de répertoire de Tentacle Tribe pour cette création et j’ai choisi des tableaux chorégraphiques très précis, avec des formations de groupes intéressantes. 

© L'EDQ
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  • Comment décrirais-tu le processus de création avec les étudiant·es de 2e année? 

Nous avons attaqué trois tableaux de la pièce Threesixnine, récipiendaire du Prix de la danse de Montréal en 2018 pour meilleure œuvre chorégraphique. Il y a beaucoup d’unisson dans cette pièce, mais aussi du travail de relation avec les autres corps. Je voulais que les étudiantes ressentent ce que c’est de danser en symbiose avec plusieurs autres corps. [À part Threesixnine], j’ai aussi retravaillé quelques tableaux de ma pièce Fil Rouge : un trio transformé en quintet, des casse-têtes corporels complexes. Et finalement, nous avons eu le temps de créer un peu de nouveau matériel aussi : un quatuor, de courts solos et des transitions improvisées.

Après mes premières sessions avec elles, j’ai remarqué qu’elles travaillaient très très fort, et ce, même hors des heures de classe, pour améliorer leur technique. J’admire cela, c’est ce genre de faim qu’un danseur doit avoir pour percer et perdurer dans le milieu. Et donc avec cette faim, je voulais leur donner le plus de matériel chorégraphique possible pour qu’elles puissent avoir un goût du réel travail de la compagnie. 

  • Quel a été ton objectif principal pour cette création / transmission du matériel chorégraphique?

J’ai vu ce processus comme un remix. C’est quelque chose que je fais parfois dans ma pratique pour revisiter une idée du passé et l’approfondir après des années de recul. J'étais très excitée de vivre cela avec ce large groupe de danseurs!


L’École de danse de Québec tient à remercier chaleureusement Emmanuelle Lê Phan pour le partage de ces quelques pensées avec le public!

L’EDQ reçoit chaque année plusieurs artistes, chorégraphes et professeur·es invité·es afin d’initier les étudiant·es à divers processus créatifs.

 

© Gaëlle Leroyer

BIOGRAPHIE D’EMMANUELLE LÊ PHAN

Originaire d'Ottawa, Emmanuelle recherche son style de hip-hop contemporain propre à elle, à partir de son expérience en danses urbaines en parallèle avec ses études en danse contemporaine.

Depuis 1999, par le biais de son alias b-girl Cleopatra, elle se distingue sur le plan international en compétitionnant et jugeant dans les catégories breakdance et all-style avec son groupe de b-girls Legendary Crew. Elle est aussi mise en vedette dans plusieurs video clips de musique, courts métrage de danse, publicités ainsi que pour des événements spéciaux du Cirque du Soleil et du Cirque Éloize

Après avoir obtenu son baccalauréat en danse contemporaine à l'Université Concordia en 2003, elle cofonde Solid State Breakdance Collective et danse pour Rubberbandance Group. En 2005, Emmanuelle est recrutée par le Cirque Du Soleil pour la création The Beatles Love et avec qui elle joue pour deux ans à Las Vegas. En 2009, elle fait partie de la nouvelle création du Cirque Eloize ID avec qui elle tourne pour plusieurs années. Emmanuelle retourne ensuite danser avec Rubberbandance avec la production Gravity of Center, ainsi que les compagnies canadiennes Bboyizm et Out Innerspace Dance Theatre.

En 2012, elle cofonde Tentacle Tribe avec le chorégraphe suédois Elon Höglund avec qui elle crée plusieurs œuvres magnétiques. Entre autres : Nobody Likes a Pixelated Squid, Threesixnine et Ghost.  En tant que chorégraphe indépendante, elle crée un trio féminin, Origami Mami qui fait fureur dans les festivals de hip-hop européens, ainsi que plusieurs commandes d'œuvres : une pièce pour le festival Urban Moves de Dansens Hus qui met en vedette six des meilleurs danseurs de danse urbaine de Oslo, un sextuor pour le Festival 100Lux intitulé Fil Rouge et une pièce de groupe pour L'École de danse de Québec. Elle signe sa première œuvre intégrale Miroir Boudoir à Québec, une exploration sur une scénographie de miroirs conçue par Charles Cormier. Aujourd'hui Emmanuelle se consacre entièrement à Tentacle Tribe en tant que directrice artistique et gérante administrative.

Il s’agit de la troisième fois qu’Emmanuelle collabore avec L’École de danse de Québec.

VOYEZ SUR SCÈNE ROUGE36

Rouge36 sera présentée sur scène à la salle Multi de Méduse dans le cadre du Spectacle de fin de saison de la Formation supérieure en danse contemporaine 2023 de L’École de danse de Québec les 11 et 12 mai 2023 à 19h30.

Procurez-vous votre billet dès maintenant et venez témoigner du talent, de la capacité d’interprétation et de l’authenticité de ces interprètes en danse en devenir.

ACHETER MON BILLET

Le Spectacle de fin de saison de la Formation supérieure sera également disponible en ligne sous forme de webdiffusion en différé du 24 mai au 7 juin prochain

*Billets en vente sur le site de la billetterie de l’École jusqu’au 31 mai à 23h59.

Tarif : 25$ ou 20$ (30 ans et moins) - admission générale, frais de service inclus