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L'école de danse de Québec

Entrevue avec Roxane Duchesne-Roy sur la transmission d'un extrait d'Attractions du répertoire de PPS Danse | Repères 3 2023

20 novembre 2023

« Revenir monter une pièce de répertoire de PPS Danse avec des étudiant·es [en danse], c’est vraiment significatif. On voit clairement la volonté des étudiant·es qui répètent, travaillent. Cela me touche beaucoup, cela me rappelle lorsque j’étais aux études. »

Entrevue avec Roxane Duchesne-Roy sur la transmission d'un extrait d'Attractions du répertoire de PPS Danse aux étudiant·es de 1re année dans le cadre du spectacle de mi-saison Repères 3 de la Formation supérieure de L'EDQ.

À l'automne 2023, Roxane Duchesne-Roy, artiste en danse et enseignante, était de passage à l’École afin de transmettre aux étudiant·es de 1re année de la Formation supérieure en danse contemporaine de l’École un extrait d'Attractions, la dernière pièce grand public de Pierre-Paul Savoie (Cie PPS Danse). La pièce sera présentée en salle et en webdiffusion dans le cadre du spectacle Repères 3 les 7-8-9 décembre 2023.

Dans cette entrevue, nous vous invitons dans les coulisses de la création de cette pièce : découvrez son expérience avec les étudiant·es, les défis et réussites durant le processus de transmission et ses projets à venir, entre autres!

  • Aujourd’hui, tu travailles avec des étudiant·es qui aspirent à devenir des artistes en danse professionnel·les. Quand tu repenses à tes études en danse, qu’est-ce qui t’a le plus marqué?

    J’ai étudié à l’École supérieure de ballet du Québec. J’ai fait le Jeune ballet, [ce qui était] à l’époque le programme [au niveau cégep]. Je me souviens que ce que j’aimais le plus, c’était quand les chorégraphes venaient travailler avec nous, parce que cela ressemble beaucoup à la profession d’interprète. Ça m’animait beaucoup. D’être très impliquée dans le processus, j’adorais ça!

    Revenir monter une pièce de répertoire de PPS Danse avec des étudiant·es [en danse], c’est vraiment significatif. On voit clairement la volonté des étudiant·es qui répètent, travaillent. Cela me touche beaucoup, cela me rappelle lorsque j’étais aux études. Je regardais les vidéos puis j’apprenais le rôle des autres. Si jamais quelque chose arrivait, je pouvais plonger. [Cette expérience] me ramène [donc] dans mes souvenirs!

  • Lorsque tu enseignes aux futurs professionnel·les de la danse, qu’est-ce que tu souhaites leur transmettre en premier lieu? Quelle est ton approche pédagogique?

    Avec L’École de danse de Québec, j’ai une mission très importante de transmission du répertoire de Pierre-Paul Savoie [directeur artistique fondateur de PPS Danse] et de partager le processus créatif aux étudiant·es à travers une pièce dans laquelle j’ai fait partie avec PPS Danse. Mon objectif est de faire vivre un peu ce que Pierre-Paul nous a fait vivre avec la création. C’est à la fois une transmission de la pièce, une initiation au processus de création, mais aussi un partage de mon expérience au groupe.

  • Pour le spectacle de mi-saison Repères 3, c'est la pièce Attractions tu as transmis aux étudiant·es de première année du répertoire de PPS Danse. Il s’agit de la dernière pièce grand public de Pierre-Paul Savoie avant son décès. A-t-elle été présentée au public?

    Oui, je l’ai dansée une fois, à la première, en octobre 2019. Après, elle a été remontée en 2021. Comme j’étais enceinte, je l’ai remontée avec la danseuse-interprète Cyndie Gravel-Forget. Que David [David Rancourt – Directeur artistique de PPS Danse] ait proposé de reprendre cette pièce-là pour les étudiant·es [de L’EDQ], je trouve que c’est vraiment une très bonne idée!

  • Peux-tu nous parler d’Attractions?

    La pièce est une rencontre live entre la musique et la danse. À la création, il y avait deux musiciens et deux interprètes en danse. Opposés et complémentaires, nous avons exploré nos langages respectifs en multipliant les chassés-croisés. Cela nous a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives scéniques. Les voix, les lignes mélodiques, les tracés chorégraphiques ont composé les fragments de cette exploration magnétique entre la danse et la musique. On s’est demandé, comment s’exprime la musicalité des danseurs au contact d’un instrument et, inversement, celle des musiciens en relation avec la danse?

  • Est-ce que cela apporte son lot de défis?

    Oui! Au début, je me disais : « OK, comment je vais faire pour monter ça sans musicien live? ». Ce qu’on avait lors de la création avec Pierre-Paul, c’était une espèce de trame sonore minimaliste, qui donnait un clic, une pulsation assez régulière, mais on avait aussi tout l’apport des musiciens qui jouaient. Avec les étudiant·es de l’École, on n’avait pas de musicien, juste la trame. J’ai demandé à la direction : « Est-ce qu’il y a des étudiant·es qui chantent, qui jouent d’un instrument, qui peuvent jouer des percussions? ». J’ai voulu recréer Attractions avec les élèves, avec leurs talents, avec leurs possibilités musicales, pour qu’elles vivent cela aussi : danser, mais aussi participer à l’ambiance et à la trame sonores. Les premiers jours, [le défi] a été de trouver quels instruments on utilise, qu’est-ce qu’on fait. On a cherché et exploré.

© L'EDQ
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  • Comment s’est déroulé le processus de création avec les étudiant·es?

J’ai proposé à Esther [Esther Carré, directrice de l’École] : « Demande-leur si elles sont à l’aise de m’envoyer une petite vidéo de 30 secondes d’elles qui jouent du piano, qui chantent ». Il y en a quelques-un·es qui m’ont envoyé des vidéos. Le premier jour, il y en a plein qui sont venues me voir pour me dire : « Je n’ai pas envoyé de vidéo, mais je pense que je peux faire ça. » Tout de suite, [c’était évident] : « OK, on se lance là-dedans! ».

  • Elles sont investies, courageuses.

C’est super courageux, puis j’étais vraiment impressionnée parce qu’il y a une pièce entre autres où elles ont une sorte de chorale qu’elles ont créé en s’inspirant de la musique originale. Là, on est en train de la travailler, mais ce sont elles qui s’accompagnent entre elles pendant que certaines dansent, puis elles reviennent à la chorale. C’est vraiment très beau comme choix.

  • Quelle est l’une des plus grandes réussites pour toi et pour le groupe?

    Je pense que [l’une des plus grandes réussites] a été de leur faire vivre une partie du processus créatif que j’ai vécu avec Pierre-Paul [Savoie], Pierre Labbé, le compositeur, Nicolas Boivin [interprète - PPS Danse] et Élisabeth Giroux [violoncelliste]. J’ai gardé presque telle quelle la section chorégraphique. C’est plus sur le plan musical qu’on a créé. Cela a été vraiment à elles de se lancer. Steve Hamel [musicien-accompagnateur à L’EDQ] est venu nous donner un petit coup de main pour la section plus percussive. Je suis fière d’avoir décidé finalement d’aller dans cette direction-là, même si c’était relativement risqué avec le peu de temps qu’on avait.

  • Dans quelle mesure cette pièce reflète-t-elle la signature chorégraphique de Pierre-Paul Savoie?

    On l’a vu dans ses derniers spectacles, Pierre-Paul était un passionné de musique et de chanson. Il était beaucoup dans le lien entre les disciplines et la rencontre humaine et artistique. Attractions, c’est un projet spécial. Cela faisait longtemps que Pierre et Pierre-Paul voulaient travailler ensemble, ça a donné lieu à cette rencontre-là. Dans sa signature chorégraphique, Pierre-Paul avait tellement d’idées! Ça débordait tout le temps. Il était très généreux de sa personne et très exigeant aussi. J’aime collaborer avec des gens exigeants. [Pour moi,] c’est se dépasser, se surpasser. [...] Pierre-Paul était beaucoup dans les images, mais dans les messages aussi. Il aimait quand ça bougeait, quand ça dansait. C’était très important dans sa recherche artistique.

  • Comment faire passer une pièce d’une heure, avec un quatuor d’interprètes - deux en danse et deux en musique, à 14 artistes en danse en devenir?

    On ne pouvait pas toucher à tous les tableaux, j’ai dû en sélectionner quelques-uns. Il y a une section de baguettes où j’ai clairement pris la chorégraphie qui était faite sur moi et Nicolas [Boivin], puis je l’ai apprise au groupe de 14. Cela a un effet de groupe, mais [il est différent] de la version originale parce que deux danseurs versus 14, on n’est pas dans la même dynamique... Mais la chorégraphie est la même.

    [Dans la chorégraphie originale], il y a des sections de duos. [Avec les étudiant·es,] au lieu de choisir un [seul] duo, j’ai divisé le duo en deux. Chaque partie du duo a été interprétée par trois duos [d’étudiant·es] qui font la chorégraphie à peu près au même rythme, mais légèrement décalés. Cela permet à plusieurs élèves de danser, de pas juste le donner à un couple, mais de le donner à six couples au total. Cela aussi change quand même la donne en termes de la pièce originale, mais l’idée est que les étudiant·es vivent le processus créatif et qu’elles apprennent et s’approprient la gestuelle.

© L'EDQ
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  • À quoi le public peut-il s’attendre?

    Avec le travail qu’elles vont continuer à faire dans les prochaines semaines, [la pièce] va se peaufiner et je pense que [le résultat final] peut vraiment être impressionnant. Je suis contente : il y a de la musique, une partie dansée au sol, des duos, une petite chanson de ukulélé... Je pense que le public peut être touché, [même] impressionné, peut-être. En 11 minutes, on donne un petit aperçu de ce qu’Attractions, une pièce d’une heure, aurait pu être. 

  • Si tu devais donner un conseil aux étudiant·es en danse contemporaine, quel serait-il?

    Je conseillerais de travailler avec plusieurs processus créatifs différents pour développer une grande capacité d’adaptation. Dans notre travail, il faut toujours s’adapter à un nouvel environnement, à une nouvelle méthode, à un nouveau chorégraphe. Il faut aussi toujours bien se préparer pour le travail qu’on s’en va faire, autant physiquement au niveau du réchauffement que mentalement. Cela permet d’être dans le moment présent, disponible et ouvert, en fait. C’est faire preuve de professionnalisme aussi, puisque tu fais partie d’une œuvre, d’une équipe. Cela demande une écoute, d’être sensible à ce qui se passe pour répondre aussi aux attentes et te positionner dans le processus.
  • Quels sont tes projets à venir en tant qu’interprète, chorégraphe et enseignante, et quels sont les projets à venir de PPS Danse?

PPS Danse qui va donner un stage bientôt, au mois de décembre. Je vais apprendre du répertoire d’Attractions au stage. Après, je vais être directrice des répétitions pour Georges-Nicolas Tremblay, qui présente sa nouvelle création en janvier. Ensuite, on reprend Perles avec PPS Danse pour le mois de février. J’enseigne aussi le ballet et la danse contemporaine. [...] En ce moment, il y a plein de petites choses qui commencent à se placer dans mon horaire, puis se diversifier. Avec ce projet-là, à Québec, je suis vraiment contente. J’ai adoré mes deux semaines! Cela m’a fait du bien de revenir en studio [et] je suis très touchée de pouvoir passer la pièce!

L’École de danse de Québec tient à remercier chaleureusement Roxane Duchesne-Roy pour le partage de ses pensées avec le public!

L’EDQ reçoit chaque année plusieurs artistes, chorégraphes et professeur·es invité·es afin d’initier les étudiant·es à divers processus créatifs.

***

BIOGRAPHIE DE ROXANE DUCHESNE-ROY

Artiste passionnée et diplômée en danse-interprétation classique de l’École supérieure de ballet du Québec, Roxane Duchesne-Roy danse sur les scènes nationales et internationales avec des compagnies telles que : le Cirque du Soleil, Cas Public, Les 7 doigts de la main, PPS Danse, l’Opéra de Montréal, Les Grands Ballets Canadiens… Elle a fait partie de la première saison du concours de danse télévisée Révolution sur les ondes de TVA en tant que danseuse et elle a agi en tant que coach, répétitrice et consultante pour les autres saisons. 

En 2011, elle co-fonde le collectif Le Broke Lab et collabore avec plus de 57 chorégraphes et créateurs. Parallèlement à son métier d’interprète-pigiste, elle est très engagée dans l’enseignement de la danse. Vu sa grande passion pour la musique, elle performe aussi en tant que percussionniste-danseuse et peut également chanter. Finalement, elle est de la distribution de plusieurs courts-métrages dont Sur la ligne, La boite noire, Tribu de fer de Mas Vidéo Film ainsi que Training Session du réalisateur Christian Lalumière. En 2018, elle co-produit et réalise la vidéo danse Bain libre avec le collectif Flamant. Elle est co-chorégraphe, co-réalisatrice et interprète pour le moyen métrage Carte Mère de Catherine Major. Et en 2023, elle créé son premier moyen métrage ENTRE NOUS  et elle agit comme directrice artistique, co-réalisatrice, co-productrice, co-interprète et co-chorégraphe. 

Il s’agit de la première fois que Roxane collabore avec L’École de danse de Québec.

Crédit photo (Roxane) : Julie Artacho

VOYEZ SUR SCÈNE ATTRACTIONS

Un extrait d'Attractions sera présentée sur scène à la Maison pour la danse dans le cadre du spectacle Repères 3 de la Formation supérieure en danse contemporaine de L’École de danse de Québec les 7-8-9 décembre 2023.

Procurez-vous votre billet dès le vendredi 24 novembre et venez témoigner du talent, de la capacité d’interprétation et de l’authenticité de ces interprètes en danse en devenir.

Tarif (en salle) : 18$ ou 15$ (30 ans et moins) - admission générale, frais de service et taxes inclus

ACHETER MON BILLET

Le spectacle de mi-saison Repères 3 de la Formation supérieure sera également disponible en ligne sous forme de webdiffusion en différé du 15 au 22 décembre prochains.

*Billets en vente sur le site de la billetterie de l’École dès le 24 novembre.

Tarif (webdiffusion) : 12$ - admission générale, frais de service et taxes inclus